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Venez, les bénis de mon Père !

Homélie du dimanche 24 novembre 2020 (Mt 25, 31-46)





Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu


En ce temps-là,

Jésus disait à ses disciples :

« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,

et tous les anges avec lui,

alors il siégera sur son trône de gloire.

Toutes les nations seront rassemblées devant lui ;

il séparera les hommes les uns des autres,

comme le berger sépare les brebis des boucs :

il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.


Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite :

‘Venez, les bénis de mon Père,

recevez en héritage le Royaume

préparé pour vous depuis la fondation du monde.

Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ;

j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ;

j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;

j’étais nu, et vous m’avez habillé ;

j’étais malade, et vous m’avez visité ;

j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’

Alors les justes lui répondront :

‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu...?

tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ?

tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?

tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ?

tu étais nu, et nous t’avons habillé ?

tu étais malade ou en prison...

Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’

Et le Roi leur répondra :

‘Amen, je vous le dis :

chaque fois que vous l’avez fait

à l’un de ces plus petits de mes frères,

c’est à moi que vous l’avez fait.’


Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche :

‘Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits,

dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.

Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ;

j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;

j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ;

j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ;

j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.’

Alors ils répondront, eux aussi :

‘Seigneur, quand t’avons-nous vu

avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison,

sans nous mettre à ton service ?’

Il leur répondra :

‘Amen, je vous le dis :

chaque fois que vous ne l’avez pas fait

à l’un de ces plus petits,

c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’


Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel,

et les justes, à la vie éternelle. »


– Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie


Je vous livre donc quelques éléments du partage que nous avons eu, samedi matin, avec un petit groupe en vidéo-conférence…


Dans cette troisième parabole du chapitre 25 de saint Matthieu, Jésus ne nous dit pas comme dans ses autres paraboles : le Royaume des cieux est comparable à ceci ou à cela… mais il nous dit concrètement comment ça va se passer.

« Quand le Fils de l’Homme viendra dans sa gloire (…),

« il séparera les hommes les uns des autres », nous dit-il.

Et le jugement de Dieu nous apparaît alors comme très radical, et sans circonstances atténuantes !

Aux justes le roi dira : venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume.

Et aux autres, il dira : allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel.


Ce texte peut donc nous faire peur. Et, de fait, il a souvent fait peur.

On s’interroge, en effet, et on se demande, plus ou moins inquiet : ai-je bien donné à manger ou à boire à celui qui en avait besoin ? Suis-je allé visiter celui qui était malade, qui attendait une visite ? … N’aurais-je pas loupé beaucoup de choses dans ma vie ? Et je pense en particulier à tous ces rendez-vous manqués, que ce soit volontairement ou involontairement ! Finalement, quelle véritable charité ai-je pratiquée, car la chose essentielle que le récit semble mettre en valeur, c’ est bien l’amour ? L’amour de l’autre.


La parabole nous aide donc à faire le point, et c’est une bonne chose, je pense :

ai-je vraiment fait attention à l’autre, aux plus petits ?

Face à cette question, nous ne sommes pas très sûrs de nous ! Ou pas très fiers !

Quelque chose d’inconfortable nous saisit, et nous oblige à réfléchir

Alors, regardons de plus près le texte.


Ce que semble vouloir dire Jésus dans cette parabole, c’est que la gratuité est essentielle, elle est centrale. Ceux qui ont agi, comme ceux qui sont passés à côté, tous sont étonnés.

L’étonnement des uns et des autres révèle bien que le geste d’attention à l’autre, le geste de service, doit être gratuit, naturel, spontané, sans calcul.

« Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? », disent les uns.

« Quand t’avons-nous vu (dans le besoin) sans nous mettre à ton service ? », disent les autres.

C’est l’étonnement général !


Une question alors se pose.

Si l’accès au Royaume est offert à ceux qui rendent un service sans s’en rendre compte, comme naturellement, gratuitement, alors, qu’est-ce que le chrétien aurait de particulier à faire ?

Pourquoi être chrétien ?

Ce qui compte, en effet, dit très clairement la parabole, c’est de donner à boire à celui qui a soif, ou d’habiller celui qui est nu, etc. et pas seulement de « rendre service » comme pensent les maudits.

Ce qui compte, c’est de répondre de façon précise au besoin essentiel de quelqu’un, sans agir par calcul ou par satisfaction personnelle ; ni non plus pour gagner son ciel ou pour plaire à Dieu, pour être bien considéré ou pour tout autre raison.

Ce qui compte, c’est de rendre un service « adapté » à celui qui a un besoin particulier, parce que ça lui est nécessaire, et c’est tout ; le faire simplement par compassion, par solidarité, ou par justice…


Alors, en effet, s’il suffit de faire ainsi pour faire partie des « bénis de Dieu »,

qu’est-ce qu’apporte le fait d’être chrétien ?


Eh bien le chrétien, il est comme les autres hommes, mais il a une mission particulière au milieu des hommes : celle d’annoncer qu’en servant l’homme, on sert Dieu, comme l’a fait Jésus.

Dieu aime l’homme, tout homme. Le Christ apporte cette révélation, et le chrétien en témoigne :

servir un plus petit, c’est servir le Christ. Voilà ce que le chrétien croit.


Reste une question. Celle du jugement dernier !

Peut-il y avoir des maudits ?

Eh bien non ! Ça me semble impossible, d’après les critères mêmes de ce récit.

Qui, en effet, n’a jamais donné un verre d’eau ou un sandwich à quelqu’un qui avait faim ?

Un jour ou l’autre, par compassion, nous avons tous rendu au moins un service adapté à quelqu’un qui en avait besoin. Et même parfois, on avoue soi-même ne pas savoir exactement pourquoi on l’a fait ! On en est tout étonné. C’était donc bien sans calcul, gratuit, spontané.

Nous n’avons pas toujours fait ainsi, c’est vrai, et nous pourrions donc être aussi parmi les maudits ? Eh bien non, parce qu’il suffit de l’avoir fait une seule fois pour faire partie des justes !

« J’étais malade, et vous m’avez visité. »

Jésus ne dit pas combien de fois il fallait le faire ! Et, de plus, il est venu sauver ce qui était perdu.


Cette parabole est donc davantage une « révélation » qu’un « jugement ».

Elle ne vient pas nous juger, mais elle nous invite à faire très attention à l’autre,

à aimer l’autre pour lui-même… et pas pour Dieu ou pour nous-mêmes.

Elle nous révèle qu’en servant l’homme nous servons Dieu sans avoir besoin de le savoir.

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Alors, « venez, les bénis de mon Père. »


Grâce aux plus petits, le Royaume du Christ-Roi nous a été offert.


Amen.



 

Aujourd'hui c'est dimanche ! Le jour où d'ordinaire les chrétiens se réunissent à l'église pour célébrer l'Eucharistie. En ce temps de confinement, vous savez que les paroisses sont privées de quêtes et donc de ressources. Alors, si vos propres finances ne sont pas menacées, nous vous invitons à faire une offrande sur cette page sécurisée par carte bancaire ou via via l'application "La Quête" que vous pouvez télécharger sur votre smartphone. Bon dimanche !

 


Prière universelle de ce dimanche


« J’ai eu faim… » Partout dans le monde, des hommes, des femmes, des enfants souffrent de la faim, et peut-être même dans nos villages tranquilles. N’oublions pas ceux qui ont faim d’amitié, faim d’être reconnus et considérés, faim de justice et de paix.

Seigneur Dieu, Roi de justice, éclaire-nous.


« J’étais un étranger… » Partout dans le monde des migrants, des réfugiés, des sans papier vivent des situations dramatiques. Plus près de nous, n’oublions pas ceux qui sont devenus étranger l’un à l’autre, les couples qui se déchirent, les conflits de voisinage ou sur les lieux de travail.

Seigneur Dieu, Roi de paix, éclaire-nous.


« J’étais prisonnier… » Partout dans le monde des prisonniers sont enfermés à cause de leurs actes, des otages sont retenus loin de chez eux, contre leur gré. Tout près de nous, n’oublions pas ceux qui sont prisonniers de leurs addictions.

Seigneur Dieu, Roi de miséricorde, éclaire-nous.


« Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? » Partout dans le monde, des communautés se rassemblent pour te célébrer. Que chaque paroissien de notre communauté paroissiale prenne du temps pour venir vers toi, pour approfondir ta parole et vivre joyeusement la grâce de son baptême.

Seigneur Dieu, Roi de tendresse, exauce-nous.



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