Un évangile en poupées russes

Homélie du jeudi 28 novembre 2019 (Lc 21, 20-28)

● Vous savez, il y a des passages dans la Bible qui ressemblent à des poupées russes. Il y a plusieurs niveaux de lecture emboîtés les uns dans les autres.

C’est le cas de la Pâque. La Pâque, c’est la fête juive du début des moissons, c’est le passage de la mer rouge, c’est la fête qui célèbre le passage de la mer rouge, c’est pour nous encore la Sainte Cène et la liturgie qui fête la résurrection de Jésus…

● Ici, même emboîtement.

En première lecture, nous reconnaissons la destruction de Jérusalem en 70 par les armées de Titus. Plus d’un million de juifs tués, près de 100 000 envoyés en captivité (la future diaspora).

En deuxième lecture, l’annonce de la venue en gloire du Fils de l’homme, que l’évangéliste Luc dépeint avec les accents habituels de la littérature apocalyptique, puisque qu’il s’agira bien de la fin de ce monde et de l’avènement d’un monde nouveau.

En troisième lecture, nous reconnaissons le temps présent. Le “temps des nations” comme l’appelle Jésus. Il s’agit de ce temps coincé entre la mort et la résurrection de Jésus et son retour en gloire. Ce temps peut nous paraître long, car nous y reconnaissons tous les drames et les souffrances décrits par Jésus dans l’Évangile. Nous percevons bien le désarroi de tant d'hommes et de femmes, de tant de jeunes, qui ne trouvent plus de repères face à un avenir qui leur semble menaçant.

Parfois, nous nous surprenons nous-mêmes à retomber dans la crainte, comme sous le coup d'un esprit de servitude (Rm 8,15). Mais nous avons reçu l'Esprit Saint, l’Esprit de filiation qui nous fait dire "Abba, Père, j’ai confiance en toi”. Ce matin, le Seigneur nous appelle à “redresser et relever la tête”, à espérer pour ceux qui n’ont pas d’espérance et à veiller humblement et joyeusement la venue de Jésus. C’est le temps de l’Avent qui commence ce dimanche.

Que Dieu nous donne d’y entrer avec le coeur paisible et heureux.

Amen.