Source d'étonnement
- Père François Méry
- 2 mai 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 mai 2021
Homélie du samedi 2 mai 2020 (Jn 6, 60-69)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !… C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » – Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
Tous ces derniers jours, nous avons lu le long discours de Jésus sur le pain de vie, en Jn 6. Aujourd’hui, c’est la fin du discours. Et cette fin, comme souvent avec Jésus, semble ne pas bien se terminer ! On nous dit : "Beaucoup de ses disciples […] cessèrent de l’accompagner", car disaient-ils, sa parole est "rude" ! "Qui peut l’entendre ?", ce qu’il dit est intolérable ! Alors, ils le quittent. Très souvent Jésus provoque ainsi la division, le rejet. Il le reconnait lui-même. Et pourquoi ? Je pense que c’est parce qu’il veut l’homme libre. Il l’invite donc au choix, à la décision. Et la question fondamentale qu’il me pose aujourd’hui est encore celle de la foi. De ma foi. Vers qui aller ? A qui faire confiance ? Qui peut m’aider à vivre ? Sur qui puis-je m’appuyer ? Les disciples de Jésus ont pensé un moment que ce pouvait être lui, Jésus, ce guide qu’ils cherchaient, ce maître, ce libérateur… ce Messie… En effet, ils l’ont vu guérir des malades et chasser des démons. Redonner force et courage à beaucoup. Sa parole, aussi, était reconnue comme faisant autorité. Il a même donné du pain et du poisson à profusion ! C’est vrai, Jésus apporte beaucoup de bonnes choses à ceux qui l’approchent. Et ça semble un réel avantage que de le connaître et le fréquenter. Mais Jésus voit les choses autrement ! Il n’est pas venu pour satisfaire mes désirs mais pour faire la volonté de son Père, Celui qui l’a envoyé. Il ne cherche pas non plus à me séduire ou à me plaire ! Ce qu’il veut, c’est conduire tous les hommes vers son Père. Vers la Vie. Qu’aucun ne se perde. Il est le vrai chemin de vie : on l’entendra nous dire cela vendredi prochain. Donc, ce qui fait souvent difficulté, je pense, avec Jésus, c’est qu’il y a un décalage entre ce que nous pensons être la vie et ce que, lui, nous propose comme chemin de vie !
Le chemin qu’il nous propose n’est souvent pas celui auquel nous aurions pensé.
Alors, forcément, il va nous étonner. Nous scandaliser même. Et finalement, peut-être que nous dirons, nous aussi, comme certains de ses disciples : "Qui peut l’entendre ?"
En tout cas, Jésus n’est pas dupe. "Il savait que ses disciples récriminaient à son sujet."
Et comme il est venu pour faire la vérité, il va leur dire : "Vous me cherchez non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain en abondance." Finalement, c’est par intérêt que vous me cherchez !
Très souvent Jésus va ainsi dénoncer notre hypocrisie. Et il faut bien le reconnaître, ce n’est jamais très agréable à entendre ! "Il y en a parmi vous qui ne croient pas." leur dit-il. Vous faites semblant ! Il y en a même qui vont tout faire pour me faire périr ! Pour me livrer !
Jésus ne se laisse pas prendre aux apparences et il ne juge pas non plus sur le mérite.
Il rappelle que la foi est un don de Dieu. Tout ce que nous avons, nous l’avons reçu.
"Personne ne peut venir à moi, dit-il, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire" (Jn 6, 44). A Pilate il osera même répondre : "Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut" (Jn 19, 11).
Jésus invite à la foi véritable : "Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle". Alors forcément, à parler de cette façon, nous sommes quelque peu bousculés. Mais notre vraie foi se révèle ! Lorsque les paroles de Jésus nous choquent ou nous dérangent, lorsque les événements ou les rencontres nous interrogent, ou bien lorsqu’ils nous remettent en cause dans ce que nous sommes ou pensons… C’est à ces moments-là que notre foi et notre liberté sont vraiment sollicités, lorsque ça résiste…
Mais c’est à l’abandon que Jésus nous invite : à nous en remettre avec confiance au Père, comme lui-même l’a fait, parce qu’on croit que Dieu est bon et qu’il prend soin de nous.
Souvent, c’est bien après qu’on s’en rend compte !
Eh bien ! Que ce temps d’après Pâques nous donne cette opportunité de faire le point vis-à-vis de Jésus et de la foi qu’on a reçue de son Père.
Croyons-nous vraiment en lui ? A ce qu’il dit ?
Croyons-nous que ses paroles sont vraies et apportent la vie ?
Croyons-nous qu’il est ressuscité ?
Croyons-nous à sa vie en nous, à la puissance de sa résurrection en nous ?
Bien sûr qu’on ne sait pas, mais essayons d’y croire, d’oser la foi. Car c’est en l’osant qu’on la reçoit ! Laissons-nous saisir par le Christ. Osons, comme Simon-Pierre, dire dans notre cœur : Seigneur, c’est avec toi que je veux marcher ; c’est vers toi que je veux aller : tu as les paroles de la vie. Et Jésus fera le reste, comme il l’a fait avec Pierre.
Amen.
Comments