Lc 6, 20-26. Homélie du mercredi 11 septembre 2019.
Les béatitudes de l’Évangile sont comparables aux bénédictions et malédictions que l’on trouve dans l’Ancien Testament, dans le Lévitique.
Dans le Lévitique, les bénédictions de Dieu sont présentées comme une conséquence de la bonne conduite du peuple élu : “Si vous marchez selon mes préceptes… Alors je vous donnerai…”
L’évangile, au contraire, présente les Béatitudes comme la réalité présente : “Le Royaume de Dieu est à vous. Le règne de Dieu est là”, absolument et présentement.
Le Lévitique appelait à une conversion des moeurs pour mériter la bénédiction de Dieu. L’Évangile appelle à un acte de foi pour reconnaître que la bénédiction de Dieu est donnée aux hommes.
Dans l’Évangile, c’est bien la foi qui est sollicitée. Car la bénédiction de Dieu, loin de s’imposer comme une évidence, est à la limite du contradictoire : “Heureux vous qui pleurez, maintenant...” Et quand il s’agit de vérifier que la bénédiction de Dieu nous a bien été donnée, l’Évangile en appelle à notre foi en nous assurant que “[notre] récompense est grande dans le Ciel”. La bénédiction est donnée, la récompense est réelle, mais elle nous attend au Ciel.
Si j’ai foi en la bénédiction de DIeu, je peux dès ici-bas me réjouir de ce trésor. Je peux dès ici-bas tressaillir de joie.
En revanche, si je n’ai pas foi en la bénédiction du Seigneur, ce trésor - qui pourtant m’appartient - me reste étranger. En cette terre, il me laisse à ma faim, mes pleurs.
Quand Jésus parle de béatitude, il parle de la félicité éternelle que goûte l’homme jouissant de la vision de Dieu. Il parle de la sérénité apportée à l’âme par la contemplation. Ce que Jésus promet, ce n’est pas de nous rendre heureux sur terre, au sens commun du terme (rappelez-vous la parole de la Vierge Marie à Bernadette de Lourdes). Ce que Jésus promet, c’est la Béatitude du Ciel qui, paradoxalement, peut être goûtée dès ici-bas par l’homme, pourvu qu’il ait foi en la promesse. “Ta récompense est grande, [maintenant], dans le Ciel”.
Pour nous, la béatitude n’est ni une donnée sensible de l’expérience, ni une douce résignation aux souffrances du monde présent. Elle naît de la vision pénétrante de ce que Dieu donne dans le secret.
Amen.
Comments