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L'échelle de Jacob

Homélie du jeudi 23 avril 2020 (Jn 3, 31-36)




Évangile de Jésus Christ selon saint Jean


« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai. En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » – Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie

Dans le livre de la Genèse, un certain Jacob entreprend de marcher cent-vingt kilomètres au soleil. La nuit tombée, il ne tarde pas à trouver le sommeil et fait un songe : “Voici qu’une échelle était dressée sur la terre, son sommet touchait le ciel, et des anges de Dieu montaient et descendaient” (Gn 28, 12-13). Si ce rêve du petit-fils d’Abraham a connu une telle postérité, c’est parce qu’il appelle de ses voeux un pont entre Dieu et les hommes, une bénédiction qui descende sur terre, un passage qui nous ouvre les portes du ciel. L’échelle du songe de Jacob résume avec des mots simples l’attente messianique du peuple juif. Ce peuple était suffisamment humble pour comprendre avoir besoin d’être sauvé de la mort et suffisamment spirituel pour attendre ce salut de l’auteur de la vie. Pour Saint Jean, l’échelle de Jacob tant espérée par le peuple hébreu, c’est le Christ. Parce que le Christ est vrai Dieu né de l’Esprit-Saint et vrai homme né de Marie, il est le seul médiateur entre le ciel et la terre. Il est le seul par qui les grâces divines nous soient données et l’unique chemin qui mène au Père. Mais aujourd’hui dans l’évangile, Jean semble insister sur la frontière qui nous sépare de Dieu : “Celui qui vient d’en haut, est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre, est terrestre.” Ou encore, quelques chapitres plus loin : “Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous, vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde.” (Jn 8, 23). Je crois qu’il ne s’agit pas pour Saint Jean de remettre en question le pont que Jésus opère entre le ciel et la terre. Ce que Saint Jean blâme, c’est la frontière qui nous sépare encore de Jésus ! Qu’une échelle nous soit donnée, c’est bien ! Encore faut-il que nous l’adoptions. Ce que Saint Jean interroge ici, c’est notre foi en Jésus-Christ. Car il ne suffit pas de penser que Jésus soit un guide spirituel ou un maître de sagesse parmi d’autres. Il faut lui reconnaître sa prétention à être la seule échelle qui conduise au Père. C’est cette foi qui est difficile à donner, que ce soit pour les contemporains de Jésus ou pour notre génération. Beaucoup de croyants se sont dits chrétiens tout en refusant à Jésus sa prétention d’être l’unique sauveur, l’unique voie de salut. Il y va pourtant de sa nature : je ne connais pas d’autre homme qui soit Dieu, je ne connais pas d’autres points de rencontre entre notre humanité mortelle et la vie glorieuse qui se manifeste en Jésus ressuscité. Cette foi est difficile… Elle est même impossible dira Saint Matthieu, sinon à celui qui reçoit de Dieu la grâce de croire : “Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux” (Mt 16, 17). Saint Jean ne dit pas autre chose quand il nous invite à “être d’en haut” avec le Christ. Etre d’en haut, c’est reconnaître que tout en nous, y compris la foi, naît de Dieu comme une grâce. Amen.

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