Homélie du lundi 11 mai 2020 (Jn 14, 21-26)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Celui qui reçoit mes commandements et les garde,
c’est celui-là qui m’aime ;
et celui qui m’aime
sera aimé de mon Père ;
moi aussi, je l’aimerai,
et je me manifesterai à lui. »
Jude – non pas Judas l’Iscariote – lui demanda :
« Seigneur, que se passe-t-il ?
Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? »
Jésus lui répondit :
« Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole ;
mon Père l’aimera,
nous viendrons vers lui
et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas
ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi :
elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi,
tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
Il parait que les églises se vident en temps de paix mais qu’elle se remplissent dès que surviennent les catastrophes... Difficile de vérifier cette théorie en temps de confinement !
Une chose est sûre : les temps d’épreuve éprouvent, par définition. Ils éprouvent notamment notre foi car alors, il semble que Dieu ne se manifeste plus à son peuple. La Bible est tissée de ces catastrophes qui éprouvent la foi des croyants : le déluge, la soif au désert, la défaite au combat, la famine et la guerre…
Face à ces tragédies, beaucoup se convainquent que Dieu a oublié les siens. Mais si l’épreuve malmène les uns, elle semble en conforter d’autres. Bien des hommes trouvent dans l’épreuve la motivation qui leur manquait pour se rapprocher de Dieu : “Seigneur, aide-moi ! Manifeste-toi !” Leur cri se fait entendre.
On dirait de l'épreuve qu'elle opère comme un discernement. Elle semble dire des uns qu’ils sont les amis de Dieu et des autres qu’ils ne le sont pas... Ce serait gravement nous méprendre. L’amour de Dieu est pour tous. Puissant, infini, total, définitivement acquis au genre humain par la victoire du Christ sur le péché et la mort. Cet amour submerge le monde. Il n’est pas de créature qui en soit coupée.
En revanche, dans beaucoup de coeurs, la même inquiétude, la même impatience : “Dieu va-t-il enfin se manifester ?”
C’est à cette question que Jésus semble répondre, dans l’évangile de ce jour.
“Celui qui m’aime”, dit Jésus, “je me manifesterai à lui”. Ou pour le dire avec d’autres mots : “Mon amour n’est manifeste qu’aux yeux de celui qui m’aime.”
C’est un cercle vertueux. L’amour se manifeste dans la réciprocité. Si nous aimons Dieu, c’est parce que nous avons été touchés par son amour. Or nous avons besoin d’être touchés par l’amour de Dieu pour commencer à l’aimer.
Pourquoi les uns s’y tiennent, dans ce cercle, alors que les autres ne parviennent pas à y rentrer ? C’est un mystère. Mais cette page d’évangile redit à chacun la part qui lui revient :
A Dieu ? Faire oeuvre de grâce.
A l’homme ? Garder les commandements.
“Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime.”
Dieu fait grâce. Mais nous, gardons-nous les commandements ?
Ainsi, s’il nous semble que Dieu ne nous manifeste pas son amour, allons plus avant sur le chemin de l’obéissance à ses commandements. Non de manière obligée, mais pour montrer en cela au Seigneur que nous l’aimons. A celui qui vit l’obéissance comme une marque d’amour, le Seigneur s’exclame : “C’est celui-là qui m’aime !” C’est à lui qu’il se manifeste.
Peut-être nous arrive-t-il d’oublier cette évidence…
Mais qu’importe, au fond.
Car “qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? L’angoisse ? La persécution ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? Le glaive ? [...]
En tout cela nous sommes les grands vainqueurs, grâce à celui qui nous a aimés” (Rm 8, 35.37).
Amen.
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