Allez ! Proclamez !
- Père François Méry
- 18 avr. 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 mai 2021
Homélie du samedi 18 avril 2020 (Mc 16, 9-15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire. Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus. Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité. Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
L’Evangile de ce jour est vraiment très intéressant parce qu’il n’a pas peur d’aborder la question de la résurrection de Jésus pour dire que cet événement ne va pas de soi ! On sait bien qu’aujourd’hui cette question fait très souvent difficulté. Et même, au cours d’une vie, nous pouvons revenir sur ce qu’a été notre conviction à un moment, sur la foi qu’on avait en la résurrection et la remettre en cause. Et alors on dira qu’on ne sait plus bien quoi en penser ! Et bien St Marc nous dit de façon très explicite que cette difficulté ne date pas d’aujourd’hui ! Et que, d’une certaine façon, elle est même normale. Par trois fois l’Evangile nous dit : "ils refusèrent de croire". Quand ils entendirent que Jésus était vivant et que Marie-Madeleine l’avait vu, "ils refusèrent de croire."
Cela montre bien que la résurrection est une confession de foi, et non pas un savoir. Ce n’est pas une vérité à apprendre, c’est un acte de foi, un événement reçu dans la foi. Et ce n’est pas non plus parce que certains y croient que moi, je vais y croire. Non ! La foi est toujours une démarche personnelle. Elle réclame toujours mon adhésion. Le témoignage des autres n’est pas suffisant pour me convaincre de croire ! La première lecture en donne un bon exemple (Ac 4, 13-21). Parce que si les Anciens et les scribes reconnaissent bien que Pierre a guéri l’homme infirme depuis sa naissance ; s’ils reconnaissent même que c’est un "miracle", comme tous les habitants de Jérusalem, ils refusent cependant de croire qu’il a eu lieu "au nom de Jésus". Ils ne veulent pas croire en Jésus, ils refusent de croire en lui, malgré les faits ! C’est ce refus que nous retrouvons dans l’Evangile de ce jour. Les gens proches de Jésus, "ceux qui ont vécu avec lui", ce n’est donc pas n’importe qui ! Ceux-là ne croient pas que Jésus a pu apparaître à Marie-Madeleine, ils ne croient pas qu’elle l’a vu vivant. On devine pourtant que Marie-Madeleine a insisté, elle a dû donner des détails, mais rien n’y fait : ils "refusèrent de croire", ils refusèrent de partager sa foi. Ils ne veulent pas croire. Cette expression - "refuser de croire" - est très forte, parce que Jésus a passé sa vie publique à demander à ceux qu’ils rencontraient de croire. Combien de fois ses disciples l’ont entendu dire : "crois seulement" ? Et bien, face aux témoins de la résurrection, ils refusent quand même de croire ! D’ailleurs, Jésus va le leur reprocher. Et l’Evangile insiste. Parce qu’après Marie-Madeleine, c’est au tour des deux disciples "qui étaient en chemin pour aller à la campagne" de venir annoncer que Jésus s’était manifesté à eux aussi. On peut d’ailleurs penser que ce sont les deux disciples d’Emmaüs dont parle Saint Luc dans son chapitre 24. Ils "ne les crurent pas non plus". Avec un peu d’humour je dirai : au cas où on aurait pu penser que le témoignage d’une femme est peu crédible, eh bien celui de ces deux hommes ne l’est pas davantage ! Pour croire à la résurrection il faut en faire soi-même l’expérience. Que d’autres l’aient fait avant nous, nous ouvre à cette possibilité, c’est vrai, mais ça ne peut nous en apporter la certitude, puisque la résurrection n’existe que pour celui qui croit. D’ailleurs Jésus confie à son Eglise d’annoncer et non pas de convaincre. A tous ceux qu’il rencontre après sa résurrection, il leur demande d’aller… D’aller pour annoncer la Bonne Nouvelle. Il les envoie tous en mission. C’est la raison pour laquelle la messe se termine par un envoi : "Allez dans la paix du Christ ".
Allez annoncer au monde ce que vous croyez. Allez faire cette expérience étonnante que la foi en la résurrection se fortifie en celui qui ose l’annoncer ! Allez faire cette expérience que la puissance de la résurrection est à l’œuvre en celui qui en témoigne. Elle lui donne même la joie de son maître.
"Allez dans le monde entier. Proclamez l’Evangile à toute la création."
Amen.
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