Homélie du mercredi 15 février 2023 (Mc 8, 22-26)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jésus et ses disciples arrivèrent à Bethsaïde.
Des gens lui amènent un aveugle
et le supplient de le toucher.
Jésus prit l’aveugle par la main
et le conduisit hors du village.
Il lui mit de la salive sur les yeux
et lui imposa les mains.
Il lui demandait :
« Aperçois-tu quelque chose ? »
Levant les yeux, l’homme disait :
« J’aperçois les gens :
ils ressemblent à des arbres
que je vois marcher. »
Puis Jésus, de nouveau, imposa les mains
sur les yeux de l’homme ;
celui-ci se mit à voir normalement,
il se trouva guéri,
et il distinguait tout avec netteté.
Jésus le renvoya dans sa maison en disant :
« Ne rentre même pas dans le village. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
De la salive sur les yeux et le geste de l’imposition des mains… Ce n’est pas par hasard que Jésus a choisi ces deux gestes. La salive, c’est la seule eau qui soit disponible quand il n’y a pas de source ou de puits à proximité. Aujourd’hui encore, c’est comme cela que l’on baptise quand l’eau fait défaut. Quant au geste de l’imposition des mains, c’est celui du sacrement de la confirmation, par lequel l’Esprit même de Dieu descend sur nous et y demeure à jamais.
Cet évangile, c’est l’histoire d’un homme qui - sans le savoir - reçoit les sacrements de l’initiation chrétienne. Il ne lui restera plus qu’à recevoir la communion, mais cela ne sera possible qu’après l’institution de l’Eucharistie, quand Jésus prendra son dernier repas avec ses disciples, le soir du Jeudi saint.
Que se passe-t-il quand nous sommes baptisés et confirmés ? Cet évangile nous le raconte.
D’abord, l’évangéliste Saint Marc nous explique que ce n’est pas nous qui allons à Jésus pour être baptisés, mais que c’est lui qui vient nous chercher : “Jésus prit l’homme par la main et le conduisit hors du village”. Cela me rappelle un passage de l’évangile selon Saint Jean où il est écrit : “Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; c’est moi qui vous ai choisis” (Jn 15, 16). Être baptisé et confirmé, c’est donc avoir été choisi par le Christ parmi la multitude des hommes pour nouer avec lui une relation privilégiée : “Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis” (Jn 15, 15).
La vie chrétienne commence ici. Quand nous comprenons que le Christ a posé son regard sur nous, qu’il nous a demandé de devenir son proche, son intime, et que nous avons accepté. Ce choix de Jésus est un grand mystère. Pourquoi moi plutôt qu’un autre ? D’autres sont plus méritants, peut-être même plus aimables… Mais pourtant, c’est moi dont il est écrit : “Il posa son regard sur lui et il l’aima”. Mystère insondable de l’amitié : “Parce que c’était lui, parce que c’était moi.”
La joie chrétienne commence ici. Il m’aime tel que je suis. Il m’aime pour ce que je suis : forces, faiblesses et même péché. Car la part de misère qui est en moi touche le cœur miséricordieux de Jésus et me donne d’autant plus la grâce d’être aimé de lui. Même de notre péché, Dieu fait un lieu de grâce : “là où le péché abonde”, dit Saint Paul, “la grâce surabonde” (Rm 5, 20).
Vous mesurez combien le baptême et la confirmation nous font voir l’existence sous un regard complètement nouveau: notre vie à chacun comme le récit d’une amitié entre un pauvre homme et le Dieu tout-puissant. C’est cette histoire que, vous et moi, nous écrivons maintenant.
Cette prise de conscience est progressive. Ce n’est que peu à peu que nous mesurons combien nous sommes bénis. Comme l’aveugle de l’évangile, nous apercevons confusément la réalité avant d’accéder à la vision de la vérité tout entière. Seul celui qui vit en ayant conscience de l’amitié unique et profonde que lui porte le Christ voit le monde comme il est, avec netteté. Et ce monde là est beau.
Amen.
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